Jean-Marc Vittori a récemment publié un excellent article sur les prix, qui mériterait d’être approfondi. Les quelques remarques du rédacteur en chef des Echos sur ce que peut signifier aujourd’hui un prix n’ont rien d’anodin : comment peut-on étudier l’économie si les biens et services ont une valeur totalement aléatoire ?
Un exemple personnel : j’ai téléchargé gratuitement il y a quelques mois le Gaffiot, mythique dictionnaire latin-français. Sur Amazon.fr, il coûte 45 euros. Combien vaut-il réellement ?
Si l’application n’avait pas été gratuite, mais avait coûté, par exemple, 3 euros, est-ce que j’aurais acheté ce dictionnaire ? Probablement : j’aime le Gaffiot et je suis content de pouvoir le consulter sur mon smartphone, où que je sois. Et si elle avait coûté 15 euros ? Probablement pas : j’ai toujours ma vieille édition, achetée quand je suis entré en sixième; certes je ne peux la consulter que chez moi, mais partout ailleurs je pourrais me débrouiller en cherchant sur Internet.
On peut appliquer ce type de raisonnement à des milliers de biens, ce qui introduit, me semble-t-il, une dose massive d’incertitude supplémentaire dans une discipline qui n’en avait pas besoin !